Visuel de Vertige

1er octobre 2016

Nuit Blanche 2016 : Vertige, un projet d'art contemporain

La manifestation organisée au siège du Centre national d’Études Spatiales à l’occasion de Nuit Blanche le 1er octobre 2016 nous a plongé dans le vertige propre à l’Espace, non pas celui qui nous prend face à l’immensité du cosmos ou qui nous bouleverse lorsque l’on expérimente l’impesanteur mais celui de l’univers qui s’entrouvre devant nos yeux quand les artistes s’emparent des archives spatiales.
Après le programme de communication franco-allemand Symphonie en 2014 et l’indépendance spatiale française sur la base algérienne d’Hammaguir en 2015, des plans d’engins spatiaux ont été soumis aux artistes dans le cadre d’un appel à projets lancé pour Nuit Blanche 2016. Une commission artistique réunissant membres de l’Observatoire de l’Espace et commissaires officiels du parcours Nuit Blanche a retenu Loïc Pantaly, Olivier Perriquet et Vincent Odon & Cédric Hoareau.

Le projet d'art contemporain Vertige a été conçu de manière à faire émerger le dialogue entre des artistes et un patrimoine méconnu de l'histoire de l'exploration spatiale, à savoir les plans. Ces objets sont aujourd'hui peu nombreux puisqu'en tant qu'outils de travail pour les chercheurs et les ingénieurs ils n'ont pas vocation à être archivés. Les plans d'engins spatiaux encore conservés et rassemblés pour certains par l'Observatoire de l'Espace constituent donc les rares traces des processus de conception à l'origine des images plus connues de l'aventure spatiale (décollages, photos prises depuis la station spatiale internationale ou par les sondes d'exploration, etc.). Leur apparente impénétrabilité pour l'observateur non initié conduit à une approche esthétique, nouvelle manière d'appréhender ces objets. À partir de ce matériau et accompagnés par l'Observatoire de l'Espace, les quatre artistes retenus ont ainsi conçu des œuvres originales qui mettent en avant la richesse formelle des plans d'engins spatiaux et leur potentiel pour l'imaginaire artistique.

Exposition Vertige, Nuit blanche 2016


Croquis de fusée A4
Croquis de fusée A4, 1941
La fusée A4, aussi connue sous le nom de V2, est considérée comme le prototype des futurs lanceurs de satellites. Sur ce croquis, se distinguent des réflexions sur sa composition et sa trajectoire.


Avant-projet de fusée A4
Avant-projet de fusée A4, 1941
Sur cet avant projet, on étudie la forme de la fusée, en particulier des ailerons.


Plan de fusée A4
Plan de fusée A4, 1942
Sur ce plan on voit les différentes côtes et dimensions nécessaires à la réalisation de la fusée A4.


Croquis d'engin autopropulsé
Croquis d'engin autopropulsé, 1947
La fusée A4, aussi connue sous le nom de V2, est considérée comme le prototype des futurs lanceurs de satellites. Sur ce croquis, se distinguent des réflexions sur sa composition et sa trajectoire.


Avant-projet de fusée Diamant
Avant-projet de fusée Diamant
Avant-projet de fusée Diamant
Avant-projet de fusée Diamant, 1961
Pendant les années 1960, la France se dote de son premier lanceur de satellite. Plusieurs études sont réalisées pour décider de sa forme finale.


Plan de la fusée Diamant, 1965
Plan de la fusée Diamant, 1965
Ce plan montre la totalité des trois étages de la fusée qui sera lancée le 26 novembre 1965.


Plan du satellite Symphonie, 1972
Plan du satellite Symphonie, 1972
Le satellite Symphonie fut le premier satellite de télécommunications de conception franco-allemande.


Avant-projet du satellite Starlette, 1979
Avant-projet du satellite Starlette, 1979
Équipé de 60 rétroréflecteurs permet-tant de renvoyer vers leur origine les tirs laser provenant de stations au sol, il mesure les variations du champ gravitationnel terrestre. Dans les années 1980, Starlette a permis de mettre au point un modèle de marées océaniques global.


Plan de la sonde Giotto, 1986
Plan de la sonde Giotto, 1986
Cette sonde européenne permit l'étude de la comète de Halley. Contrairement aux documents précédents, le plan est réalisé sur un logiciel informatique, les années 1980 marquant un tournant dans la technique des plans.


Plan du moteur Vulcain du lanceur Ariane 5, 1996
Plan du moteur Vulcain du lanceur Ariane 5, 1996
Chaque partie du véhicule spatial a son plan, on en voit un exemple ici avec l'un des moteurs.
Plan du module Columbus, 2001
Plan du module Columbus, 2001
Le module Columbus est la contribution européenne à la station spatiale internationale (ISS). Il renferme un laboratoire.

Reportage: Le regard de quatre artistes sur les plans et documents spatiaux

Les étapes, les différentes techniques de dessin et les annotations manuscrites que portent les plans évoquent les processus mentaux qui précèdent la réalisation des projets d'exploration spatiale. Le public de Nuit Blanche a pu se confronter aux réponses proposées par Loïc Pantaly, Olivier Perriquet et Vincent Odon & Cédric Hoareau. Poétiques, ironiques ou loufoques, elles apportent un regard nouveau sur ces documents et en soulignent la pertinence comme source d'inspiration artistique.
Loïc Pantaly, Projet SSCP
Prototype fictionnel d’une sonde destinée à être envoyée dans l’espace, dont les bras mobiles s’animent régulièrement, IRIS et le large panneau où sont portés schémas et annotations montrent l’appropriation joyeuse de ces archives opérée par l’artiste. Jouant avec sérieux sur les plans de véhicules spatiaux, il développe son propre langage, scientifique et absurde à la fois. "Je me moque de savoir si les machines pourraient vraiment être fonctionnelles, mon but est de tout mettre en œuvre pour accomplir un rêve, formaliser un univers. "

Loïc Pantaly, Projet SSCP
© CNES/Patrick Dumas

Olivier Perriquet, Post machine
En s'appuyant sur des techniques d'illusion d'optique, l'œuvre d'Olivier Perriquet donne l'impression d'une image qui s'abstrait de sa matérialité pour se déployer dans l'espace. Les documents ainsi revisités construisent une généalogie fictive et suggèrent une transformation qui serait mue par des forces internes. L'artiste donne une autonomie troublante aux plans d'objets de l'exploration spatiale qui semblent alors répondre à une forme de déterminisme.

Olivier Perriquet, Post machine
© CNES/Patrick Dumas

Vincent Odon et Cédric Hoareau, La Surenchère
Cette installation est une nouvelle étape dans le travail conduit depuis 2004 par les deux artistes plasticiens et vidéastes. Ils se filment dans des saynètes qui se répondent les unes les autres et mettent en images entre rire et ironie leur compréhension des images d’archives. « La précision des plans d'archives nous donne une direction. Les prolongements que l'on peut y apporter, par nos dessins ou par nos actions vidéo, constituent des écarts qui s'opposent très certainement à la précision initiale de chaque archive. C'est dans cet écart que se situe notre travail. » (Revue Espace(s) 13)

Vincent Odon et Cédric Hoareau, La Surenchère
© CNES/Patrick Dumas

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