Si les versions spectaculaires précédentes des « Voyageurs », plus centrées sur des textes issus de la revue
Espace(s), étaient bâties comme un collage ou une revue enchaînant des numéros,
Retour de Russie expérimentait la création d'une véritable fusion des différentes composantes mises en jeu, musiques, lectures, images. Un voyage intérieur dans une mémoire riche de multiples facettes quant aux rapports réels ou imaginaires tissés entre la France et la Russie ou ex-URSS autour de l'aventure spatiale. S'y répondaient les textes de Philippe Claudel, mise en scène du pouvoir administratif gérant l'oubli, de Anatoli Kourtchatkine, transcription des fracas de l'idéalisme sur le cynisme du pouvoir, et de Jean-Claude Pinson, constat humoristique pour mieux masquer la tristesse de ce qui est à jamais perdu. Et s'y découvraient, toute époques mêlées, la Terre déroulée comme bobine au travers des hublots de la coupole panoramique de la Station orbitale internationale, les premiers pas de robots prototypes d'exploration planétaire, ou encore une merveille d'animation constructiviste « Révolution interplanétaire » de Z.M. Komissarenko, et quelques autres pépites de pionniers ou d'anticipateurs.
Les Voyageurs de l'Espace comptaient une toute nouvelle recrue : Karin Romer, actrice. Elle faisait entendre les textes dans le flux musical, entre la modernité rétro-futuriste de Christian Sébille avec ses instruments d'électro-acoustique, l'écriture résolument et paradoxalement contemporaine des percussions de bois et de pierre de Terje Isungset, et les oscillations du plus intime à la plus théâtrale extraversion du violoncelle de Didier Petit.
Cette voie d'élaboration d'un spectacle avec son unité et son identité spécifique ouvre pour les Voyageurs de l'Espace une nouvelle phase de développement et de création.
Dossier Voyageurs de l'Espace