Arts visuels

Parmi ses différentes actions dans le domaine culturel, l’Observatoire de l’Espace accompagne la création contemporaine par une résidence hors les murs, dédiée à l’étape de recherche de projets spécifiques portés par des artistes plasticiens. Il met à leur disposition des corpus documentaires, organise l’utilisation de moyens techniques du domaine spatial mais aussi des rencontres avec des acteurs ou encore l’accès à sites et techniques pour nourrir leurs recherches. La production des pièces étant du ressort des artistes, il convient de les contacter individuellement pour connaitre leur disponibilité.


Théodora BaratIn Situ
Véronique BélandEn sortie, le scientifique de l'espace : point sur la conception
Valère CostesESA (Extrapolation for Space Agriculture)
Bertrand DezoteuxEn attendant Mars
Kitsou DuboisPerspectives, le temps de voir
Stefan EichhornSalvage 1
Justine Emard Somnorama I (nuit n°6 – rêves 19 à 23)
Nicolas MontgermontAxis Mvndi
Bertrand RigauxUn objet à l’infini de déclinaison
Romain Sein Lever de Terre

 



Théodora Barat, In Situ
Série de quatre photographies (80 cm x 120 cm x 35 cm), 2016-2018

Théodora Barat conduit une recherche sur « l’esthétique de nécessité », c’est-à-dire la manière dont les formes des constructions industrielles répondent de façon normative à des contraintes techniques. In Situ s’inspire des vues d’engins spatiaux dans le noir sidéral ou dans les zones techniques, au sol. Réalisée au musée du Bourget, la série In Situ capture l’image de satellites qui quittent alors, par un travail d’éclairage, leur mise en scène muséale pour devenir une projection, un fantasme spatial. Le dispositif de présentation de ces photographies, placées dans des caissons vitrés inclinés contre le mur, affirme la verticalité et trouble notre perception de ces objets.



Théodora Barat développe un travail empreint de l’imagerie et des formes issues des milieux industriels. Son approche s’apparente à un « terrain » où film, sculpture et installation s’entremêlent s’apportant les uns les autres narration et volume pour mieux souligner les perméabilités entre ces différents médias.

 



Véronique Béland, En sortie, le scientifique de l'espace : point sur la conception
Installation générative, 90 x 60 x 50 cm, 2023, 2016-2018

Véronique Béland s'est associée à une intelligence artificielle pour produire les plans de futurs engins spatiaux. Nourrie par un ensemble d'archives consacrées aux fusées, robots, sondes, et autres véhicules spatiaux, la machine est désormais capable de dessiner en temps réel les images de cette nouvelle génération de non-humains. A contrario des affects et des caractères anthropomorphiques qui leur sont souvent associés, ce travail cherche à poser un autre regard sur ces formes de vies, en s'alliant directement avec l'une d'entre elles – le réseau de neurones artificiels – pour faire œuvre.


© Pierre Gondard

La pratique de Véronique Béland gravite entre les arts médiatiques et la littérature, s'intéresse à la «machine autonome» en tant qu'entité réflexive et créatrice, en utilisant plus spécifiquement les outils de l'intelligence artificielle depuis 2018. Par divers protocoles de transcodage convoquant à la fois les mondes de l'art et de la science, ses œuvres cherchent à faire contact entre le perceptible et l'imperceptible, d'où en jaillit une certaine forme de narration.

 



Valère Costes, ESA (Extrapolation for Space Agriculture)
Installation : sculptures murales, dispositifs mécaniques, dimensions variables, 2022-2023

Dans Extrapolation for Space Agriculture (ESA), Valère Costes soumet des espèces végétales en croissance à des mouvements mécaniques pour simuler des conditions environnementales spécifiques au milieu spatial comme la perte de repères gravitationnels. L'artiste s'est inspiré de protocoles expérimentaux qui étudient la possibilité d'une agriculture spatiale permettant aux équipages de subvenir à leurs besoins de manière autonome. Cette œuvre prend la forme d'une installation composée de différents dispositifs mécaniques qui réalisent des expériences et d'herbiers qui en présentent les résultats. Valère Costes propose ainsi de repenser la relation aux plantes et aux non-humains machiniques en détournant les codes de la recherche spatiale.



Valère Costes invente des dispositifs au sein desquels le vivant et les phénomènes physiques se voient ramenés à de laborieux mouvements. Il recourt à l'installation pour développer une œuvre qui porte un regard ironique sur ce qui est fait dans le dessein d'imiter le réel, et détourne les méthodes et l'esthétique scientifiques.



Bertrand Dezoteux, En attendant Mars
Installation, vidéo (14 minutes), 2017

Bertrand Dezoteux prend pour objet d’étude les représentations qui découlent de Mars 500, un programme de simulation de voyage vers Mars. Cette expérience avait pour but d’étudier les répercussions psychologiques et physiologiques sur un équipage de six hommes confinés pendant 520 jours dans une réplique de module spatial. Avec En attendant Mars, Bertrand Dezoteux procède à un remake de cette aventure dans un film de marionnettes à l’effigie des participants qui évoluent dans un décor copié pièce par pièce sur le véritable module. Il transpose ce programme scientifique dans une pratique artistique, en appliquant certains dispositifs de l’expérience réelle sous forme de gestes, de représentations et de méthodes ; il montre ainsi que la recherche en science peut fournir à la recherche en art de nouvelles hypothèses de travail qu’il tente d'identifier et d'expérimenter.


Bertrand Dezoteux développe sa pratique artistique autour des technologies de production contemporaines et des avancées scientifiques. C’est en jouant d’une maladresse délibérée qu’il use de différentes techniques, numériques et plastiques, notamment des logiciels de modélisation 3D, pour créer des objets visuels hybrides qui échappent à toute classification.



Kitsou Dubois, Perspectives, le temps de voir
Exposition immersive : installation, vidéos, photographies, performance & environnement sonore, 2010

Kitsou Dubois a réalisé cette installation à partir d’images issues de la participation de la compagnie Ki Productions à une campagne de vols paraboliques du CNES en 2009. Elle innovait en embarquant à bord de l’Airbus ZERO-G des caméras 3D/relief pour filmer les corps des danseurs en impesanteur, glissant en un travelling sans fin. L’installation se présente comme un parcours dans des espaces de projection, où le visiteur est seul ou à plusieurs, dans un espace confiné ou très ouvert, qui mettent en jeu autant l’expérimentation que l’imaginaire.


Kitsou Dubois est chorégraphe et chercheuse en danse. Elle est directrice artistique de Ki Productions, une compagnie ancrée dans plusieurs réseaux artistiques liés à la danse, au cirque, aux arts plastiques et numériques, ainsi qu’à la science.



Stefan Eichhorn, Salvage 1
Série de trois photographies (80 x 80 cm), 2018

Stefan Eichhorn s’est penché sur le sort des satellites et autres débris évoluant sur une orbite géostationnaire, à 36 200 kilomètres d’altitude, destinée à recevoir les engins hors d’usage. À partir d’une collecte documentaire, il a procédé à un recyclage fictif de ces éléments pour créer des sculptures conçues avec la plus grande fidélité et exigence de détail. Les modèles ont ensuite été photographiés comme s’ils suivaient leur course orbitale, objets célestes révélés par la lumière du soleil. Sur les clichés, trois engins spatiaux flottent dans un noir sidéral. Le regard ausculte leur relief, en suit les contours qui s’enfouissent dans l’obscurité, s’attarde sur les effets de la lumière sur les matériaux. Suspendues hors du temps dans un espace indéfinissable, ces chimères satellitaires, qui sèment le trouble sur la véracité de leur existence, nous interrogent aussi sur leur origine et leur statut.


Stefan Eichhorn réalise des sculptures qui établissent un dialogue avec un lieu, une architecture et les notions historiques et politiques qui y sont rattachées.



Justine Emard , Somnorama I (nuit n°6 – rêves 19 à 23)
Installation numérique, 7h, 2023

Avec son installation numérique Somnorama I (nuit n°6 – rêves 19 à 23), Justine Emard donne une existence tangible aux rêves de l'Espace. À partir de données neuronales et accélérométriques acquises durant le sommeil des spationautes, elle génère en temps réel un paysage mental animé par leurs états de conscience et invite à naviguer dans la nuit à bord de la Station spatiale internationale. Cet environnement mouvant est accessible aux visiteurs grâce à un joystick qui permet une interactivité avec l'œuvre.


© Shin Suzuki

Justine Emard est une artiste plasticiennne et vidéaste dont les œuvres explorent les nouvelles relations qui s'instaurent entre nos existences et la technologie. Elle associe les différents médiums de l'image – de la photographie à la vidéo et la réalité virtuelle – , et situe son travail au croisement de la robotique, des neurosciences, de la vie organique et de l'intelligence artificielle.



Nicolas Montgermont, Axis Mvndi
Installation numérique, 2017

Nicolas Montgermont a élaboré Axis Mvndi, un dispositif qui produit des sculptures à l’échelle interstellaire à partir d’ondes radio. Ces signaux électromagnétiques, invisibles à l’œil nu, matérialisent des modèles de représentation de l’univers issus de différentes périodes et cultures. L’œuvre s’inscrit dans le champ des arts de la transmission. Sa singularité provient du fait qu’ici les ondes sont uniquement émises, jamais reçues ni décodées et ne portent aucun contenu informationnel. L’onde est ainsi considérée comme une matière artistique brute et poétique. Dans Axis Mvndi, l’énergie électrique envoyée dans l’Espace a donc pour seul but de créer un lien entre une personne et l’immensité cosmique, en faisant appel à l’imagination de chacun pour se projeter dans le parcours de l’onde et ressentir le vertige des échelles de temps et d’espace.
Extrait de l’œuvre : Axis Mvndi


Nicolas Montgermont explore la physicalité des ondes sonores et radio en créant des dispositifs sensibles — installations, performances, éditions — qui dévoilent leur essence poétique.



Bertrand Rigaux, Un objet à l'infini de déclinaison
Installation vidéo (90 minutes), 2015

Bertrand Rigaux propose, avec Un objet à l’infini de déclinaison, une expérience immersive qui met en balance les perceptions ordinaires. Selon un protocole établi en amont, un système de prises de vues a été embarqué à bord d'un ballon léger dilatable opéré par le Cnes. Ce dispositif a pu réaliser sa propre "conquête spatiale" jusqu'à une quarantaine de kilomètres d'altitude. Il en résulte l'enregistrement d'un unique plan séquence monochrome durant lequel l’on s'éleve à travers le ciel, du bleu clair au bleu nuit, variations des couleurs au fur et à mesure qu'on approche de l'espace. Attisant l’imaginaire, cette œuvre montre, littéralement mais imperceptiblement, ce qui est difficilement concevable : l’avancée vers l’inconnu en absence de tous repères.


À partir d'une fascination pour les faits et les choses, Bertrand Rigaux expose des formules scientifiques, des propositions linguistiques ou bien encore des prélèvements de couleurs à leur contingence absolue. Durées, rythmes, mesures ou encore grammaires sont un schème constitutif de ses œuvres, qu'elles soient vidéos immobiles, écriture poétique, objets détournés, ou pourquoi pas concert.



Romain Sein, Lever de Terre
Réalité virtuelle, 2017

Romain Sein a imaginé un “chez soi” sur la Lune, développé en réalité virtuelle par Amaury Solignac et Vincent Rieuf (Orbital Views - Iceberg). Équipé d’un casque, le visiteur entre dans un lieu domestique, une sorte de chambre sur la Lune que l’artiste a décoré d’objets personnels ou issus de son imaginaire de la Lune. Certains se révèlent être des images en deux dimensions, d’autres, en trois dimensions, sont saisissables. Le visiteur peut alors les manipuler, les bousculer ou encore les lancer au loin et observer l’effet de la gravité lunaire. Dans cet espace restreint, le visiteur est immergé dans une image d’où quelques reliefs émergent. Un paysage étrangement familier comme l’artefact d’un ancien monde.


Romain Sein, vidéaste et plasticien, s’intéresse tout particulièrement aux possibilités de diffusion et aux stratégies de monstration que la vidéo permet d’engager. Ses recherches l’amènent à envisager toutes les variations possibles autour de ce médium.

Spectacle vivant