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A la suite des vols en micro-pesanteur, chaque artiste ou écrivain propose un texte publié dans la revue Espace(s) éditée par l'Observatoire de l'Espace du Cnes ainsi qu'une performance lors du festival Sidération qui a lieu chaque année au mois de mars au siège du Cnes. Par la mise en œuvres de l'Espace, les artistes partagent cette expérience hors du commun avec le public. C'est un des rôles de l'art de permettre à chacun de vivre des expériences inédites à travers une œuvre littéraire ou artistique. Kitsou Dubois et Vincent Ravalec ont partagé avec le public ce qu'ils ont vécu lors des vols en Zéro G et comment chacun, avec leur sensibilité, ils ont retranscrit leur expérience dans leur travail artistique.
Ces résidences sont aussi l'occasion de faire naitre des nouvelles formes artistiques à travers un espace de création extraordinaire, ce dont témoignent deux résidents lors de cette rencontre. Kitsou Dubois, habituée des vols en apesanteur, a présenté au public présent une vidéo d'extraits de ses performances.
Elle n'a de cesse dans ses dispositifs chorégraphiques, de reproduire les sensations et les mouvements vécus dans l'Espace : sous l'eau ou en suspension par exemple. Vincent Ravalec, dans son écriture, a dû en passer par des néologismes pour exprimer au plus près l'expérience sensorielle de l'Espace.
Jean-Marc Adolphe, animateur de la rencontre a lu un passage du texte de Vincent Ravalec publié dans le neuvième numéro de la revue Espace(s) Un truc en impesanteur : « nuager ou flottouner, ou nageoler, rotationner, ou s'élever, ou… ».
Voler en zéro G c'est s'affranchir d'une force inhérente à notre condition humaine : la pesanteur. Ceci amène inévitablement les artistes et les écrivains à s'interroger sur ce que nous apprend ce nouvel espace-temps quant à l'Homme. Vincent Ravalec a expliqué s'être senti littéralement transformé et a vécu une perte totale de repères.
Pour Kitsou Dubois, cette expérience bouleversante, l'a conduite à repenser entièrement le rapport au corps. « on fait aussi l'expérience, qui peut être angoissante, du vide absolu. On n'a plus de poids, mais on est quasiment déstructuré. La gravité est fondamentale pour l'humain, elle masque toutes les autres forces. Il s'agit donc, pour ne pas se perdre, de retrouver son centre, de recréer des limites. » Pour elle, sur Terre c'est la gravité qui définit les limites de notre corps. En son absence, elle a développé une nouvelle conscience du corps fondée sur la circulation du centre vers les extrémités.
L'expérience sensorielle de l'Espace est certes un moyen scientifique d'enrichir nos connaissances sur la physiologie mais permet aussi à des artistes de produire de nouvelles réflexions : qui sommes-nous ? Qu'est-ce-qui nous définit ? L'apesanteur peut être un moyen pour les artistes de trouver des éléments de réponse à ces questions et de nous les transmettre à travers la force de l'art.