L'objet de cette rencontre organisée le 22 avril 2013 était de comprendre comment l'Espace peut se transformer en un matériau pour la création.
La diversité insoupçonnée des activités spatiales suscite une curiosité permanente partagée avec les artistes et écrivains pour devenir œuvre plastique, littéraire, cinématographique, musicale ou scénique.
Frédéric Ferrer, géographe et auteur-metteur en scène a évoqué son utilisation de l'imagerie spatiale dans ses vraies-fausses conférences.
Eric Cordier, musicien électroacoustique a partagé son expérience de prises de son dans un laboratoire spatial.
Perrine Gamot, responsable de Cosmothropos au sein de l'Observatoire de l'Espace, a présenté certaines créations photographiques de ce projet dont le but est de collecter les empreintes de l'Espace sur Terre.
Vaninna Maestri a enrichi cette proposition d'une œuvre poétique créée à partir des textes des contributeurs pour dévoiler un arpentage inédit de notre imaginaire collectif.
Gérard Azoulay était également présent sur scène pour présenter la démarche de l'Observatoire de l'Espace.
La rencontre était animée par Jean-Marc Adolphe de la revue Mouvement.
L'Espace, au-delà d'un Ailleurs inatteignable pour la plupart d'entre nous, constitue un vaste champ d'activités humaines qui produit des objets et des expériences. L'Observatoire de l'Espace du Cnes propose à des artistes et des écrivains de découvrir cet univers pour proposer à travers leurs œuvres une autre vision de l'Espace. Ainsi, Frédéric Ferrer, géographe et metteur en scène, utilise des vues satellites du Cnes dans ses conférences humoristiques et décalées sur des questions liées à notre environnement. C'est lui qui a ouvert cette première rencontre avec la présentation de sa cartographie Les Vikings et les satellites dans laquelle il s'interroge sur les changements climatiques.
Si Frédéric Ferrer conserve une démarche scientifique dans ses spectacles, il en est très différemment d'Eric Cordier, ethnologue et musicien. Il s'est rendu dans un laboratoire de l'Institut astrophysique spatial pour une chasse aux sons. Dans un environnement hostile à ce genre d'expérience, son ambition était de capter les sons de l'Espace, défi a priori impossible dans un milieu constitué de vide. Mais la contrainte stimule la création. Il a donc choisi une fois sur place la captation électromagnétique qui produit des sons au passage du courant qui alimente les machines du laboratoire. Il a joué avec les objets du laboratoire comme des instruments pour créer de la musique dont le résultat est très poétique. Eric Cordier a fait écouter au public des échantillons de sons qu'il a conservés pour son œuvre sonore : « grillon », « pas dans la neige » ou « glissement dans l'espace ».
L'Espace, c'est aussi un imaginaire et des artefacts profondément ancrés dans notre quotidien. C'est ce que révèle le projet Cosmothropos porté par Perrine Gamot, qui consistait à mettre les citoyens à contribution pour relever toutes les traces de l'Espace sur Terre.
Matériel d'astronomie, architecture, toponymie, l'expérience a révélé l'omniprésence du spatial dans notre environnement. Pris au jeu, les contributeurs ont soumis des clichés de scènes ordinaires évoquant l'espace comme une sphère éclairée présentée comme un coucher de Lune.
L'Espace est partout et devient ainsi un embrayeur d'imaginaire, une source vive pour la création. Vannina Maestri, écrivain, a lu pendant la conférence, le texte littéraire qu'elle a créé à partir des mots et des légendes des photos du projet Cosmothropos, pour dévoiler un arpentage inédit de notre imaginaire collectif.
Toutes ces propositions utilisent le détour de l'Espace pour donner du sens à notre vie sur Terre. Créer c'est porter un regard nouveau sur la réalité. Et comme le dit Frédéric Ferrer, « artistes et scientifiques poursuivent en fait le même objectif : réinventer le monde. »