Le Caravansérail de l’Espace, Jakuta Alikavazovic et David Christoffel
Les deux auteurs, ont reçu deux jours durant artistes, scientifiques et auteurs pour les interroger sur les rapports empathiques que nous construisons en tant qu’humain avec l’autre, robot, cyborg ou entité plus insaisissable.
Intervenants :
Véronique Béland, plasticienne
Philippe Gaudon, ingénieur, responsable de l’atterrisseur Philae
Virginie Poitrasson, auteure
Carole Tafforin, éthologue
Christian Mustin, exobiologiste
Dorothée Smith, plasticienne Kitsou
Dubois, chorégraphe
Charlotte Poupon, doctorante en géographie et neurosciences
Claude-Lionel d’Uston, planétologue
Magalie Ochs, chercheur en informatique
Donald Abad, plasticien
Gaël Langevin, designer
Manuel Candré, auteur
Focus
« Les fantômes sont-ils nos amis dans l’Espace ? »
C’est à cette question que la plasticienne et réalisatrice Dorothée Smith a répondu durant son entretien avec Jakuta Alikavazovic et David Christoffel. Auteur du film Spectrographies qui prolonge une réflexion sur la plasticité identitaire et le trouble dans la relation à l’autre, elle est aussi à l’origine de l’installation Cellulairement, étude pour spectres, caméra thermique, puce électronique sous-cutanée et transfert de données cellulaires. Elle a plus particulièrement évoqué cette installation au cours de ce dialogue.
« Se dédoubler dans d’Espace »
Claude-Lionel d’Uston est directeur de recherche à l’IRAP - Institut de Recherche en Astrophysique et Planétologie. Il travaille à la conception de robots d’exploration planétaire et participe à la mission Curiosity sur Mars où il est en charge du pilotage du robot. La possibilité du dédoublement dans l’Espace suggérée par ce travail a plus particulièrement intéressé Jakuta Alikavazovic et David Christoffel et a été évoquée au travers du langage, de l’intelligence du robot et du rapport émotionnel à la « survie » de celui-ci.
Le Caravansérail de l’Espace, Gaël Baron
Durant tout le festival, l’acteur Gaël Baron s’est plongé pour notre plus grand plaisir dans les textes de la revue littéraire Espace(s), issus notamment du douzième numéro de la revue consacré aux « Robots, cyborgs et autres compagnons ». Véritable homme livre, il a fait résonner ces dix textes dans la cabine où il accueillait le public.
Textes mis en voix
Thomas Gunzig, Correspondance amoureuse d’un modèle récent d’homme de ménage
Loïc Daverat, Spirit
Virginie Poitrasson, Sonzai-kan exploration
Jocelyn Bonnerave, Space is the place
Jacques Sivan, Direct data life d’un cyborg
Patrick Delperdange, Faces, faciès, façades
Livia Galeazzi, NXRO
Manuel Candré, Gobot, nuit et jour
Eric Vial-Bonacci, En attendant Lobo
Mariette Navarro, La Curiosité.
Le Caravansérail de l’Espace, L’humanoïde Brioux
Ce personnage mystérieux dont la conscience autrefois perdue dans l’Espace s’est retrouvée dans ce corps bricolé par la compagnie Les Zampanos est parti à la rencontre des humains à la recherche d’images, de regards et d’émotions que lui ne connaissait pas en posant des questions.
Au commencement de chaque heure, il s’éveillait de sa rêverie et interrogeait le public sur quelques-uns de ses thèmes de prédilection comme le voyage, le spectacle, la mort, l’imaginaire, les apparences, l’empathie… Auprès de lui, chacun a pu expérimenter la rencontre avec l’autre.
Le Caravansérail de l’Espace, Éric Cordier
Isolés sous un casque, les visiteurs ont pu écouter Les Sons de Saturne et découvrir une nouvelle figure de cette planète. Bien qu’il n’y ait pas de son dans l’Espace, les ondes radio détectées par la sonde Cassini recèlent pour Eric Cordier un potentiel musical une fois transposées dans la gamme des fréquences audibles. Il proposait d’offrir ainsi une approche sensorielle de ces données scientifiques récoltées auprès du laboratoire LESIA.
Ecouter ou réécouter les sons de Saturne
Caravansérail de l’Espace, Raphaël Dallaporta
Secrets
Installation vidéo
Dans une salle obscure, deux ouvertures laissaient apparaître des réminiscences de l’histoire spatiale. C’est un lieu de mémoire dans une grotte. Raphaël Dallaporta a choisi cet espace géologique singulier pour révéler quelques secrets de l’aventure spatiale et pour explorer l’obsession des humains pour l’Espace, irrémédiablement liée au progrès, au souvenir et à l’oubli. À la surface rugueuse de la roche, les images et films d’archives projetés prennent une allure spectrale. L’image altérée de Wernher von Braun, le concepteur des V2 nazis, à l’origine des fusées, devient ici une figure fantomatique qui présage de son histoire controversée. Secrets repousse les limites de la photographie vers une dimension narrative voire romanesque et évoque la notion de secret dans l’histoire de l’aventure spatiale.
Caravansérail de l’Espace, Bertrand Rigaux
Un objet à l’infini de déclinaison
Installation vidéo - durée 60 minutes
Le plasticien dévoilait Un objet à l’infini de déclinaison, le film d’une élévation dans les airs capturant les lentes variations de couleur du ciel. L’intention de ce projet vidéo est de cristalliser et d’attiser l’imaginaire, et littéralement mais imperceptiblement de montrer ce qui est difficiliement concevable : l’avancée vers l’inconnu en l’absence de tout repère.
Un objet à l’infini de déclinaison est le fruit d’une collaboration avec la section des ballons du Cnes qui conçoit puis opère des véhicules aérostatiques permettant d’emporter des instruments scientifiques et, exceptionnellement, la caméra de Bertrand Rigaux pour la réalisation de cette œuvre. Il évoque le processus de réalisation de la captation par les ingénieurs dans un texte poétique composé à partir de leur étude technique du projet. S’attachant aux mots, aux formulations qui suggèrent des images précises, il introduit aussi un nouveau rythme de lecture par le découpage des phrases qui suppose des temps de pause et de respiration. Il organise en somme « un poème qui récite l’expérience ». Un objet à l’infini de déclinaison évoque ainsi une certaine « conquête de l’Espace ».