L’Observatoire de l’Espace du Cnes a permis à une dizaine d’auteurs de faire l’expérience de l’impesanteur à bord de l’Airbus zero-g. Cette résidence visait à susciter l’écriture de récits où la question gravitaire serait traitée non pas de manière spéculative mais nourrie par le vécu corporel des écrivains accueillis dans ce dispositif. L’autrice Karin Serres a pris part à cette résidence en 2014 et en tiré plusieurs textes formant autant d’étapes d’appropriation de ces sensations par la littérature :
du compte-rendu immédiatement après le vol, au texte de fiction publié dans
la revue Espace(s) n°12, et enfin au roman
Quelques moments sans gravité.
Pour ce livre, Karin Serres a imaginé le personnage d’Aline, une petite fille qui semble sans histoire. Fille unique, elle vit avec ses parents dans un quartier pavillonnaire calme et tranquille. L’été de ses sept ans, à l’heure de !a sieste, elle fait une expérience extraordinaire, dont elle ne parle à personne, pas même à ses parents. Toujours aussi intense, l’expérience se reproduit trois fois encore, pendant son adolescence puis à l’âge adulte. Au sein d’une société dont le repli sécuritaire va en s’accentuant et où la normalité est perçue comme la première qualité d’un individu, Aline comprend très vite que son secret ne doit pas être découvert. Elle mène alors une vie de plus en plus solitaire et discrète, mais nourrie de tous les liens sensibles qu’elle tisse avec le vivant qui l’entoure. Jusqu’au jour où elle rencontre Cloda. Des affinités qui se nouent peu à peu entre les deux femmes naîtra une amitié insolite, l’histoire de l’une nourrissant l’histoire de l’autre.